Orthur

Plus que tout, c’était la frustration qui dominait Orthur. C’était sa dernière mission bon sang ! Il avait sauté sur l’occasion dès qu’il avait pu participer à cet aller-retour sur Aeko II, la mission avec le meilleur rapport salaire sur dangerosité. Du moins en théorie.

Heureusement, Orthur était d’un naturel calme et il parvenait à contenir sa frustration. Après tout, garder la tête froide l’avait sauvé à de nombreuses reprises lors de la guerre entre Mars et Landolito. Pourquoi pas cette fois-ci ? 

C’est pourquoi, avec son jeune assistant Pelouis, ils observaient les moindres détails et tentaient d’identifier les Daeko depuis près de 72 heures. Mais ce n’était pas une tâche aisée. En parcourant le long couloir menant aux réacteurs, Orthur demanda à Pelouis :

– Qu’est-ce que tu en penses ? 

Pelouis le regarda d’un air surpris et un peu craintif. Décidément, ce garçon n’était pas très résistant au stress. Il n’aura pas tenu une semaine dans l’armée.

– Euh … qu’est-ce que je pense de quoi ?

– De la situation. Ça fait 3 jours que l’on observe et je voudrais entendre tes conclusions.

Pendant quelques instants, ils n’entendirent que le bruit de leurs pas sur le sol à mesure qu’ils avançaient.

– Je ne sais pas trop … Je ne crois pas avoir vu de comportement suspect, bredouilla Pelouis.

C’était bien ça le problème. Tout le monde se comportait parfaitement normalement. Les Daeko ne semblaient pas vouloir laisser trainer le moindre indice. Orthur n’avait relevé aucun signe trahissant leur présence.

– C’est comme si … il n’y avait pas d’aliens, reprit Pelouis.

– Sauf qu’il y en a deux à bord. 

– Oui je sais mais je voulais dire …

– J’ai compris.

Il marqua une pause.

– Pourquoi à ton avis nous n’avons pas d’indice ? Pourquoi n’y a-t-il pas eu d’attaque ?

– Parce que notre système de groupe ne permet pas de faire une victime sans que l’on puisse démasquer le coupable. Si on trouve une victime, le tueur sera soit son binôme, soit une personne d’un autre groupe que son propre binôme pourra aussi identifier. 

– Et si les deux Daeko sont dans le même groupe ?

Pelouis réfléchit un instant. Parler semblait le calmer.

– Dans ce cas ils pourront se couvrir et faire accuser le binôme innocent de la victime.

– Et donc ?

– Il suffira dans ce cas d’isoler les trois personnes, le binôme de la victime et les deux personnes de l’autre groupe. Et on sera sûr d’avoir attrapé un ou deux Daeko. Si un autre meutre intervient, on répète le même processus et il restera suffisamment de personnes dans l’équipage pour arriver sur Mars.

– Tu as oublié un cas de figure. Que se passe-t-il en cas de double meurte ?

– Si les Daeko sont dans des groupes séparés, il suffit d’isoler les deux groupes suspects et on a les deux tueurs. Mais si les Daeko sont dans le même groupe on ne pourra pas savoir.

– Exactement. Bien raisonné. Espérons qu’ils ne soient donc pas dans le même groupe.

Ils dépassèrent le relai de communication où était toujours enfermé Edamaël et poursuivirent vers les réacteurs.

– Mais ce n’est pas pour ça qu’ils n’ont pas encore fait de victimes, reprit Orthur.

– Pourquoi ?

– Réfléchis un peu. Ils veulent d’abord que l’on reparte vers Mars !

– Donc qu’on ait terminé les réparations du générateur ?

– Oui. Ça ne leur sert à rien de prendre le contrôle du vaisseau s’il n’est pas opérationnel.

– Mais pourquoi avoir saboté dans ce cas ?

– Je ne suis pas sûr. Je crois qu’ils ont fait le sabotage pour gagner du temps. Dans tous les cas, on aurait vite compris qu’il y avait des Daeko dès le premier meurtre. 

– Ouais … Mais au final ça ne change rien non ? Notre système de groupe va nous permettre d’identifier les aliens ?

– Probablement. Mais ce n’est pas pour ça qu’ils n’attaqueront pas. Ils n’ont rien à perdre alors tu peux être sûr qu’ils vont tenter leur chance avant la fin du trajet.

Pelouis retrouva instantanément son teint blafard. Il ne répondit pas. Ils étaient arrivés au niveau de la porte de la salle des réacteurs. Au moment d’entrer, comme à chaque fois qu’il passait une nouvelle porte, Orthur ressenti une petite appréhension. Ils pouvaient à tout instant tomber sur les cadavres des autres membres de l’équipage.

Mais Luke et Raphy étaient bien vivants et de bonne humeur.

– Le générateur hyperdrive est réparé ! annonça joyeusement Luke.

Orthur croisa le regard de Pelouis et ils se comprirent sans un mot. Le sursis était terminé et, quoi qu’ils puissent faire, il y allait avoir des morts.

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