Pelouis

C’était un peu honteux, mais Pelouis avait peur. Peur de mourrir dans ce cargo de merde pendant une mission sans importance. Peur de mourir à 11 ans. Il se sentait ridicule mais en vérité, c’était la première fois qu’il était confronté à cette éventualité de disparaître. 

Pourtant, il avait toujours cru être le genre d’homme sans peur et combatif. D’un tempérament bagarreur, il avait même voulu à une époque quitter Mars pour s’engager dans des combats illégaux à l’autre bout de la galaxie. Il se rendait compte, non sans désarroi, qu’il avait été stupide de présumer qu’il était fort. Fasse à la pression, comme actuellement, il se sentait au contraire diminué et incapable d’être lui même. Il était obligé de se reposer sur Orthur pour rester à flot. 

Maintenant que le générateur hyperdrive était réparé, les aliens n’allaient pas tarder à se manifester. Mais quoi qu’il arrive, ils devaient reprendre leur route vers Mars. Une fois arrivés là-bas, les survivants de leur expédition seraient analysés et les aliens démasqués. Mais encore fallait-il y parvenir …

Pelouis avait la conviction qu’il allait survivre à cette épreuve mais que sa vie serait marquée pour toujours. Plus jamais il n’évaluerait le danger de la même façon. Et plus jamais il ne mettrait les pieds sur cette foutue planète !

Il remontait à présent le long couloir menant aux quartiers principaux avec Orthur. Raphy et Luke les suivaient, quelques mètres derrière. Il fallait prévenir Zéo et Gavrie, dans le cockpit, que le générateur hyperdrive était réparé. 

Ils se séparèrent après être entrés dans la salle de repos. Luke et Raphy se dirigèrent à droite vers les chambres de l’équipage pour prendre un peu de repos alors que Pelouis et Orthur prirent à gauche vers le poste de pilotage. 

S’ils arrivaient à relancer le générateur et reprendre leur route vers Mars, il serait sur place dans environ 4 jours. Il suffirait de tenir pendant tout ce temps et ils seraient sauvés. 

Pelouis appuya sur la commande d’ouverture de la porte et entra en premier dans le poste de pilotage. 

– On revient des réacteurs et on peut …

La scène d’horreur qui s’étalait devant lui le submergea et il ne put finir sa phrase. Le corps de Gavrie, sur le ventre, se trouvait juste devant l’entrée. La mare de sang s’étalait jusqu’aux pieds de Pelouis. Le cadavre avait une profonde entaille au cou, comme celle de Jadila. Cependant, Pelouis distinguait aussi sur le flan de Gavrie une large ouverture par laquelle s’échappait une partie de ses entrailles, comme s’il avait été partiellement vidé par l’alien. 

Alors qu’Orthur entrait calmement derrière lui, Pelouis aperçut Zéo, immobile sur son siège de pilote. Il réprima un haut de cœur et avança pour avoir une meilleure vue. 

Zéo était assis, la tête penchée en arrière sur le dossier de son siège, la gorge en partie tranchée par la même blessure fine mais profonde. Il ne semblait avoir subi aucune autre mutilation, mais une impressionnante quantité de sang frais avait éclaboussé l’ensemble des commandes de contrôle du vaisseau. En s’approchant davantage, Pelouis put observer le dernier regard de leur ancien pilotage, le regard horrifié de celui qui a compris que c’est la fin, et qu’il ne peut rien faire.

– Le pire scénario possible, grommela Orthur. Sortons d’ici et allons prévenir les autres. On ne peut plus rien faire pour eux de toute façon.

Frissonnant, Pelouis s’exécuta et suivi Orthur hors du poste de pilotage.

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