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Jadila

Jadila se tenait au pied de l’immense cargo et surveillait d’un œil absent le chargement de la cargaison. Selon elle, c’était totalement inutile. Les droïdes de transports savaient exactement ce qu’ils faisaient et elle avait déjà vérifié le nombre de barils avant le transfert vers le vaisseau. 

En plus, l’étoile du système commençait à descendre sur l’horizon et, dans très peu de temps, la température allait chuter. Elle avait clairement hâte de reprendre la route de l’espace et de quitter cette horrible planète. Tout ce qu’elle avait entendu dire sur cet écosystème, que ce soit à propos des populations locales ou de l’exploitation du raritarium ne lui donnait pas envie de s’y attarder plus que nécessaire. 

Elle leva les yeux vers le ciel, immense au-dessus d’elle, et ses pensées glissèrent naturellement vers une simple question : Quel est le sens de ma vie dans cet univers ?. Depuis quelques mois, elle ne cessait de creuser cette réflexion sans y trouver la moindre réponse. L’univers était si vaste et rempli d’opportunités qu’elle ne savait pas où donner de la tête.

Elle n’avait jamais quitté Berlouaize avant de travailler pour Himalaya. Toute sa vie reposait alors sur une routine bien établie et fermée. Elle avait alors tout pour être heureuse : une famille soudée, un mari aimant et un travail bien payé mais pas trop demandant. Comme elle l’avait déjà deviné à l’époque, cela était trop beau pour durer. 

Après son divorce prématuré, elle avait choisi de changer de vie. Arpenter l’espace lui avait paru synonyme de liberté et d’aventure. Au final, elle avait enchaîné les désillusions sur la nature de ses missions pour Himalaya : il s’agissait de faire de l’argent avant tout. Ça n’avait pas tellement de sens pour elle.

C’était ça, pensa Jadila en observant une première étoile apparaître dans le ciel, ça n’a aucun sens. Je suis perdue. Et je me sens seule.

Elle n’avait personne pour partager sa détresse et ce n’était pas faute d’avoir cherché. Rester seule était difficile pour Jadila. Elle avait vraiment le sentiment que sa vie ne pouvait pas être heureuse sans quelqu’un avec qui la partager. À chaque nouvelle expédition, elle avait tenté de se rapprocher de ses collègues du moment, sans succès jusqu’à ce départ pour Aeko II …

Edamaël, le technicien des communications, lui avait tout de suite tapé dans l’œil. Il était un peu plus jeune qu’elle, très élégant et surtout il semblait lui accorder une réelle attention, pas simplement quelques politesses comme les autres. Ils avaient déjà passé plusieurs heures à discuter ensemble et avaient doucement appris à se connaitre. Jadila sentait qu’il suffisait de peu de chose pour qu’il franchisse le pas. Elle n’osait pas le faire de son côté. La peur de recevoir un refus était trop importante. 

Elle baissa les yeux vers les droïdes de transports, une petite bulle d’espoir enflant dans sa poitrine. Le voyage du retour serait peut-être l’occasion d’aller plus loin avec Edamaël. En tous les cas, elle y était prête. 

Avec un petit sourire, elle abandonna son poste de surveillance et se dirigea vers le cargo.

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