Edamaël

Bien que toujours présente, la douleur que ressentait Edamaël s’était un peu atténuée à présent qu’elle n’était plus associée à de la culpabilité. Il n’avait pas tué Jadila. Il n’était pas infecté ! S’ils parvenaient à rentrer sur Mars, il serait sauvé. Mais quel sens aurait sa vie après cela ? Il avait eu l’impression de toucher du bout des doigts une certaine forme de bonheur, qu’on lui avait aussitôt repris. Ce n’était pas le moment de penser à ça. Il devait rester focalisé sur sa mission.

Il avait décidé de ne pas rejoindre l’un des groupes afin de pouvoir terminer les réparations des communications avant leur arrivée sur Mars. Ainsi, ils pourraient dans tous les cas transmettre un rapport complet sur la situation à bord, même si tout l’équipage était éliminé. Les deux autres groupes avaient des missions différentes. Le groupe composé de Luke, Raphy et Hewma se trouvait au niveau des réacteurs pour prévenir de toute nouvelle tentative de sabotage. Orthur, Pelouis et Luizette se trouvaient dans le poste de pilotage pour superviser l’avancée du cargo. Ils avaient relancé le passage en hyperespace dès la fin de la réunion et une vingtaine d’heures s’étaient écoulées depuis, sans le moindre incident.

Edamaël n’avait aucune idée de l’identité des infectés. Il avait beau retourner le problème dans tous les sens, il savait que, sans éléments nouveaux, aucune certitude ne pouvait être établie. Il était vraiment impossible de démasquer un Daeko sous forme humaine. Au final, il préférait se concentrer sur son travail. C’était un bon moyen d’oublier la peur, la douleur et la pression constante d’être enfermé avec des tueurs de sang froid.

Il se tourna vers la commande principale des communications. C’était le moment de vérité. S’il avait tout paramétré correctement, il allait pouvoir capter et émettre des messages, même pendant le vol hyperspatial. Il appuya sur l’écran à plusieurs reprises pour lancer le système et retint son souffle. Quelques instants plus tard, la console lui renvoya une erreur. Edamaël déchiffra rapidement le message et comprit d’où provenait le problème. Les câbles d’alimentation des communications, venant de la source d’énergie générateur du vaisseau, semblaient endommagés. Il n’avait pas pu le voir avant car ces câbles étaient hors de vue. 

Il traversa donc le relais de communication et retira quelques plaques murales pour observer ce qui se trouvait derrière. Dans le fouilli de câbles, il repéra aisément les gros câbles d’alimentations. Ils étaient presque tous sectionnés. C’était un grossier sabotage et il allait y passer un bon moment pour remplacer les sections de câbles hors d’usage. 

Pour gagner du temps, il retourna sur la console principale et programma l’envoi d’un message pour Mars, expliquant la situation et transmettant également les rapports de leur réunion. Le temps nécessaire au système pour encoder le message était d’environ une heure, ce qui correspondait au temps qu’il avait besoin pour remplacer les câbles. Ainsi, lorsqu’il aurait terminé les réparations, le message pourrait immédiatement partir.

Il valida le démarrage de l’encodage et observa de nouveaux les câbles. Il devait en remplacer six. Avec des gestes lents et précautionneux, il retira le premier en le sectionnant avec son coupe laser. Il répéta minutieusement l’opération sur les autres. Le plus difficile restait à faire. Il pris une nouvelle section de câble neuf et fit également une découpe pour avoir une longueur suffisante. Il fallait à présent raccorder cette section aux deux extrémités du câble d’origine. À l’aide de deux petites gaines et un bon coup de pince à raccordement, il parvient sans souci à réparer le premier câble. Il jeta un œil sur la console : le message était déjà à un tiers de l’encodage.

Doucement, précisément, mais sûrement, il entreprit de remplacer quatre des cinq câbles restants. Une alerte sonore l’avertit que l’encodage était à présent terminé. Une fois le dernier câble raccordé, le message partirait instantanément. Il venait à peine de replonger dans la gaine de câbles qu’il crut entendre la porte coulissante du centre de communication s’ouvrir. De surprise, il sursauta et sa tête heurta le haut de la gaine.

Sonné, il vit se dessiner une ombre étrange sur le mur devant lui. La forme semblait humaine mais avec une tête beaucoup plus allongée. Il tenta de se relever mais la chose s’était jetée sur lui et le maintenait au sol. Un instant plus tard, une vive douleur, insupportable, lui traversa le cou et il comprit qu’il allait mourir. Il cria de toutes ses forces pour tenter d’avertir le reste de l’équipage. Il savait que c’était inutile : il était trop loin des autres. Ce fut sa dernière pensée car l’instant d’après, il entendit un horrible craquement au niveau de sa nuque et se sentit partir en arrière.

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