Luizette

Les probabilités étaient en leur faveur, Luizette le savait. Ce n’était pas une situation facile à affronter mais c’était la seule solution. Il était impossible de démasquer les Daeko sans victimes. Une partie de l’équipage devait être sacrifié pour que le reste arrive sur Mars. C’était cruel, mais nécessaire. 

Ayant grandi dans le business du raritarium, elle connaissait depuis longtemps les histoires de vaisseaux infectés par les Daeko. Cependant, l’horreur de la situation avait pris tout son sens seulement maintenant qu’elle se retrouvait enfermée dans ce cargo sinistre avec ces monstres. Et il n’y avait rien à faire de plus qu’attendre. C’était probablement ça le pire. Il était même impossible de fuir. Les capsules de secours étaient utilisables mais ils se trouvaient beaucoup trop loin du moindre système habité. Et leurs communications n’étaient toujours pas rétablies. Si ce satané Edamaël pouvait travailler plus vite …

Luizette se sentait donc impuissante depuis la découverte du corps de Jadila. Sa mission avait été accomplie au moment où elle avait finalisé la négociation avec les marchands sur Aeko II. À bord du cargo, elle ne pouvait pas faire grand chose. Pelouis et Orthur se trouvaient en sa compagnie dans le poste de pilotage. Elle ne distinguait absolument rien par les baies vitrées avant et c’était parfaitement normal. Le parallèle dans lequel ils se trouvaient était totalement vide. C’était une sensation étrange la première fois que l’on voyageait en hyperespace : avancer à toute allure dans le néant, sans le moindre repère. 

La silhouette de Pelouis, installée dans le fauteuil du pilote, s’anima soudain :

– Une partie de l’énergie du générateur principal est redirigée vers les communications.

Il pointa l’écran et Orthur s’approcha rapidement.

– Ed a dû terminer les réparations des communications. On devrait aller voir.

– Ok, répondit Pelouis en se levant. Il adressa un signe de tête à Luizette : on y va ?

Elle voulut répondre mais une sensation très étrange s’empara soudainement de son esprit. Avant qu’elle n’ait pu y accorder plus d’attention que cela, elle s’était levée et suivait les deux hommes hors de la pièce. Une sorte d’instinct primitif, violent et puissant, la poussait en avant. Avec horreur, elle réalisa que quelque chose n’allait pas. Ses pensées se dispersaient et petit à petit, sa personnalité, ses souvenirs et sa capacité à réfléchir s’effacèrent. 

À mesure que la conscience du Daeko prenait le dessus, elle sentait son désir de tuer s’amplifier à chaque pas. Elle commença silencieusement la métamorphose de son visage et cibla l’un des deux hommes devant elle. Elle devait en éliminer un. C’était sa mission. Tout le reste avait disparu.

Rapide comme l’éclair, elle bondit sur le dos de sa cible et planta sa langue acérée dans son cou. La victime hurla de douleur. Le sang humain avait un horrible goût. D’un mouvement brusque de la tête, elle se retira de l’homme, lui brisait la nuque.

Il était mort, assurément. À présent il fallait fuir ! Elle tourna les talons et détala à toute vitesse vers le poste de pilotage. Elle avait presque atteint la porte. Une horrible brûlure se fit sentir au niveau de son ventre. L’humain restant l’avait touché avec son arme. Elle s’effondra sur le sol. Deux autres violentes décharges la frappèrent.

À mesure que sa conscience glissait vers le néant, ses pensées se mélangèrent de nouveau avec celle de l’humaine qu’elle avait tuée. Luizette, perdue dans un océan de sensations étranges et familières, de souvenirs humains et Daeko, compris qu’elle était déjà morte et que son vrai corps reposait dans l’un des cocons de la soute. Et, ce qui restait de sa conscience allait mourir avec le corps du Daeko. Brusquement, elle reçut de nouveau un tir de laser, à l’arrière de la tête cette fois, et ce fut la fin.

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