Orthur
Ce qui était fait était fait et il avait fait le nécessaire. Orthur n’était pas du genre à vivre dans le passé et à se tracasser des décisions qu’il avait prises pour survivre. Pourtant, il avait cette fois du mal à faire un trait sur les événements des derniers jours. Ils étaient à présent à 8 heures de l’arrivée sur Mars et tout était calme depuis les meurtres de Pelouis, Edamaël et les exécutions de Luizette et Hewma. Ils avaient regroupé tous les corps dans la zone de stockage technique. Tous étaient emprisonnés dans des sacs mortuaires de conservation. Ils pourraient être analysés sur Mars et rendus à leur famille.
Les circonstances dans lesquelles ses coéquipiers étaient morts dégoutaient Orthur. Personne ne méritait cela. Ils n’avaient eu aucune issue. Les Daeko avaient profité de leur avantage jusqu’au bout pour éliminer le plus de personnel de l’équipage. Orthur ne voyait pas comment il aurait pu mieux gérer la situation. La stratégie des groupes était pertinente, cela ne faisait aucun doute. Son seul regret était le meurtre de Pelouis. S’il avait été plus attentif, il aurait pu l’éviter. C’était un brave gars. Mourir si jeune était vraiment du gachi.
Les pensés d’Orthur devaient transparaître sur son visage car Raphy, assit près de lui dans le poste de pilotage, lui lança :
– Allez Orthur ! Souris un peu ! On s’en est sorti ! Tu te rends compte ?
Orthur se tourna lentement vers lui.
– Ouais … mais à quel prix ? 70% de perte ce n’est pas acceptable.
– On ne peut plus rien faire pour eux. On savait tous que les pertes étaient inévitables. On l’avait tous accepté dès le départ, lorsque l’on a décidé d’adopter la stratégie des groupes. Tu te souviens ?
Orthur ne répondit pas. Son sentiment de malaise s’accentua. Pendant un long moment, il resta plongé dans ses pensées, à revivre les événements des derniers jours. Il y avait d’abord eu le meurtre de Jadila, suivi de la découverte des cocons. Puis la formation des groupes. La mise en isolement d’Edamaël. Le double meurtre de Gavrie et Zéo. La formation de deux groupes et Edamaël seul. Le meutre de Pelouis. L’exécution de Luizette, dont il était certain qu’elle était infectée. Le meurtre d’Edamaël. L’exécution d’Hewma, prise sur le fait. Tout s’enchaînait de manière très fluide. Trop fluide même. Ce n’était pas normal. C’était comme s’ ils avaient oublié un détail important. Mais quoi ? Leur raisonnement était bon et le système de groupe infaillible. À moins que … dans la soute … Dans la confusion suivant la découverte des cocons, ils n’avaient pas pensé à chercher plus loin …
Il se leva précipitamment et ramassa son arme.
– J’ai besoin de bouger un peu. Je vais inspecter la soute.
Raphy se leva également.
– Je viens avec toi ! J’en ai marre de rester enfermé ici.
Il se tourna vers Luke, affalé dans le siège du pilote :
– Tu restes ici Luke ? Au cas où ?
Luke acquiesça, à moitié endormi.
C’était parfait pour Orthur. Si sa théorie était la bonne, ce serait plus simple de séparer le reste de l’équipage. Il suivit donc Raphy dans le couloir, prenant grand soin de toujours le garder dans son champ de vision.
- Progression dans la lecture : 89%
Pas le temps de tout lire maintenant ?
Cliquez ci-dessous pour recevoir toute l’histoire par email et continuer votre lecture plus tard :