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Gavrie

Quel merdier, pensa Gavrie en suivant le reste de l’équipage dans l’ascenseur. Pourquoi fallait-il que ça arrive justement sur cette expédition ? 

Pour la première fois, il avait réussi à négocier avec Himalaya des parts sur les bénéfices de l’expédition. Mais si ça tournait mal, comme cela était bien parti avec déjà deux morts parmi l’équipage, tout ce travail allait être parfaitement inutile. Ils savaient ! Gavrie en était certain à présent. Les cadres d’Himalaya connaissaient le danger d’une telle expédition d’approvisionnement hors de la capitale. Leur mission n’avait été qu’un test. Pas étonnant que c’était si grassement payé …

Gavrie se donna malgré tout une apparence calme tandis que tout le monde partait à la recherche de Jadila. Il fallait rester un exemple devant l’équipage et gérer la crise. Pour le moment, ils étaient clairement en supériorité numérique face aux Daeko et ils pouvaient facilement les identifier avant la fin du voyage. Himalaya avait développé des procédures très efficaces dans ce cas de figure. Dès que Jadila serait retrouvée, ils établiraient tous ensemble un plan d’action.

Il ne fallut pas longtemps pour la localiser. Elle gisait dans la salle commune de l’équipage, à côté du couloir menant aux cabines. Ce fut Pelouis qui tomba dessus en premier et poussa un grand cri pour alerter les autres.

Gavrie réprima un haut de cœur en découvrant le corps sans vie de la représentante commerciale de son expédition. Une profonde blessure, pas très large, se dessinait à la base de son cou. C’était sans aucun doute ce qui l’avait tuée car un flot de sang encore frais s’en écoulait et venait alimenter la vaste flaque écarlate qui se trouvait autour d’elle.

Sur le coup, Gavrie pensait que le reste de l’équipage allait perdre son sang froid et commencer à s’entretuer. Pelouis était extrêmement nerveux et Orthur lui semblait aussi de plus en plus menaçant. Raphy, Luke, Luizette et Hewma avaient l’air horrifiés. Edamaël, quant à lui, glissa lentement au sol, à demi conscient. Et Zéo, comme à son habitude, paraissait clairement détaché, comme si rien de ne pouvait l’atteindre. 

Il fallait absolument reprendre le contrôle, maintenant. Gavrie donna quelques ordres d’une voix claire et ferme :

– Orthur et Raphy, placez le corps dans un sac mortuaire et emmenez le dans la réserve. Jadila sera conservée jusqu’à notre retour sur Mars. Les autres, venez avec moi. Nous devons discuter de la situation et prendre des mesures.

Contemplant les visages livides et défaits qui le fixaient, il ajouta :

– Ça sera difficile, mais je vous promets qu’avec une bonne organisation nous découvrirons les Daeko et que ce cargo se posera sur Mars !

Tout le monde acquiesça sans dire un mot et se mit en mouvement.

Après avoir transporté le corps de Jadila, Orthur et Raphy rejoignirent les autres dans la salle de réunion. Même s’il savait que c’était impossible, Gavrie tenta d’observer de la culpabilité dans l’expression de son équipage. Deux d’entre eux étaient à présent de vraies machines à tuer. Un duel à mort allait s’engager entre les aliens et les humains restant à bord. À partir de maintenant, chaque détail et chaque petite décision comptait. Alors que Zéo sortait des données la procédure en cas d’invasion de Daeko, Gavrie eut le sentiment viscéral que la suite n’allait pas bien se passer.

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