La casse
– Comment on va faire pour retrouver ma voiture là-dedans ? Ta vu le nombre d’épaves ici ?
– Tkt jlai un plan.
Glagly semblait confiant, ce qui n’était pas pour rassurer Kevin. Ils venaient de pousser la grille et traversaient à présent la casse vers un petit bâtiment situé au centre et composé de tôles jaunâtres. À mesure qu’ils avançaient, Kevin nota qu’une bonne partie des voitures présentes n’était pas de fabrication lito mais humaine. Il y avait toutes les marques possibles et inimaginables. Comment les litos pouvaient-ils en récupérer autant et surtout, à quoi cela pouvait bien leur servir ? Ils ne virent personne à part un lito pilotant un petit bulldozer dans le lointain. Il n’avait pas l’air de savoir ce qu’il faisait car il roulait simplement sur les épaves sans transporter quoi que ce soit.
– Bon glish on devlait tlouver quelqulun ici.
Glagly entrouvrit la porte du bâtiment central et hurla :
– HEY IL Y A QUELQULUN ?
Un lito sortit aussitôt de derrière une épave.
– Hey glish pas besloin de geuler comme çla ! Jle suis là.
Le nouveau venu ressemblait à Glagly, avec la même tête énorme et chauve. Ses grands yeux ronds n’étaient pas parfaitement centrés sur son visage et l’un d’entre eux louchait un peu. D’après ce que Kevin avait pu observer, pratiquement tous les litos étaient comme ça, ce qui leur donnait encore plus un air de mongole.
– Bon glish, qu’est-qule jle peux faile pour vous ? C’est pas cool de venil me délanger à une heule paleille. On n’est pas encole ouvelt.
Glagly s’approcha un peu :
– Louais louais c’est ça. On vlient poul des inflos.
– Quel genle d’inflos ? Tu veux slavoir quloi ? Et pk il y a un humain ici ?
Glagly se tourna vers Kevin :
– C’était quloi ta caissle ?
– Une Audi A6 break.
– Et la plaque ?
Kevin lui donna et Glagly reporta son attention vers le gérant de la casse.
– Du cloup on chelche cette caissle. On veut legalder l’épave.
– Et pk tu veux faile ça ?
– Palce qule jen ai envlie connald !
La tension montait rapidement et Kevin avait un mauvais pressentiment sur la suite des événements. Instinctivement, il recula de quelques pas.
– Glish connald toi même. Tu clois qule jle vais donner mes inflos au plemier débile venu. Tes vlaiment con.
Il sortit un flingue de derrière son dos.
– Maintlenant vous allez vous baller avant qule jle vous fassles un deuxlième tlou du cul.
Et merde, la situation était vraiment mal engagée. Pourtant, Glagly avait parlé dans la voiture de “négociation à la lito“. De ce que Kevin venait de voir, les négociations avaient tourné court. Mais Glagly ne semblait pas avoir dit son dernier mot. Rapide comme l’éclair, il sortit également un flingue de sa poche et tira deux coups de feu sur l’autre lito, un dans chaque jambe.
BAM.BAM.
– Putlain enfoilé çla fait mal !
Le lito s’éfondra au sol et lâcha son arme. Glagly se précipita pour la récupérer. Kevin était stupéfait par la rapidité et la violence de l’action.
– Heu … on fait quoi maintenant ?
– Glish vlient m’aider. On va l’intelloger.
Ils trainèrent le lito et l’installèrent contre l’épave d’une vieille voiture. Glagly commença l’interrogatoire :
– Alols glish, on fait moins le malin ?
Il pointa son arme sur la tête du lito :
– Parle maintlenant connald !
Le lito ne répondit pas mais leva lentement sa main droite pour lui faire un doigt d’honneur.
– Fuck enculé.
Glagly ne sembla pas impressionné.
– Glish, tu parlais d’un deuxilème tlou de balle tout à l’heule ? Klevin, aide mloi à le letoulner qu’on lui en fassle un.
Kevin s’approcha mais le lito semblait à présent plus coopératif.
– Oklay oklay jle vais parler.
– Alols ?
– Cette caissle est blien allivée ici il y a deux jouls. Elle l’était dans un sale état.
– T’en a fait quloi ?
– Lien. Un type est venu l’achleter hier.
– Quli ?
– Slais pas. On est disclet ici, on pose pas tlop de questlions.
– Louais glish.
Après un instant de silence, Glagly ajouta :
– Louais, jne te clois pas connald. Tu caches quelqule chose.
– Glish ! Non jte jule !
– On va voil ça.
Il se tourna vers Kevin et lui tendit le flingue du lito.
– Tiens plend ça et sulveille cet enculé. Je leviens.
Kevin saisit l’arme et mis en joue le lito. Il était habitué à tenir un flingue, mais c’était la première fois qu’il en pointait un sur quelqu’un. Avec les deux jambes blessées, le lito ne semblait cependant pas très motivé à s’enfuir. Il ne cessait de marmonner des insultes incompréhensibles à voix basse.
Glagly ne fut pas long et revint au pas de course.
– Hé glish, aide moi à le mettle dans la caissle ! Les lenfolts allivent !
Ils saisirent le lito et l’allongèrent sur la banquette arrière de l’épave de voiture à laquelle il était auparavant appuyé.
– Mais glish, qu’est-qule vous faitles ?!
– Tu vas vite parler enfoilé. Je te le galantie !
Un grondement de moteur se fit soudain entendre. Kevin se retourna au moment où le petit bulldozer qu’il avait aperçu plus tôt s’approchait doucement d’eux, écrasant tout sur son passage.
Le lito dans la voiture l’avait aussi vu :
– Glish non ! Pitlié ! Vous ne pouvez pas faile ça !
Glagly éclata de rire :
– Tu clois qu’on va sle géner ? Sloit tu nous dit tout sul la bagnole sloit ce bulldozel t’éclase comme une melde.
Le bulldozer s’approcha encore plus et ses roues entrèrent en contact de l’épave, commençant à la faire grincer.
– Alols ? Décide toi vite ! Connald !
Le lito transpirait à grosse gouttes, mais sans réponse de sa part, Glagly fit un petit signe au chauffeur de bulldozer qui engaga l’engin sur l’épave. Quelle fin atroce ! Kevin s’apprêtait à détourner le regard …
– Glish c’est bon ta gagné connald ! Stoppe ce bulldlozel !
– Pas avant qu’on ait les inflos.
– Oklay oklay. Je ne slais pas le nom du type quli a achetlé la caissle. Pal contle, je slais qu’il a achleté pleins d’épaves d’un coup. Genle qualante. Il plépale quelqule chose avec.
– Ta pas une inflo poul qu’on puisse le tlouver ?
– Sli. Le paiement poul sa commande vlient de Glolich Bank. Je plense qule vous poullez tlouver des inflos sul lui là bas.
– Oklay melci pour ta coopélation. Allez on se casse. Slalut.
Glagly se détourna et s’adressa au chauffeur du bulldozer :
– C’est bon il a parlé, tu peux le laisser.
– Ah glish dommage. Ça aulait été mallant de tout éclaser !
Le bulldozer fit marche arrière et repartit tranquillement vers le reste de la décharge. Kevin suivit Glagly sur le chemin menant à la voiture. À présent, il comprenait mieux ce que ce dernier avait voulu dire par “négociation à la lito”. Quoi qu’il en soit, ils avaient à présent une piste qui menait tout droit à une banque du centre ville.
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