La banque

– Alols glish, plutôt comique cet intellogatoile non ?

– Euh pas vraiment … ça se passe toujours comme ça ici ? 

– Louais glish. Il faut s’adapter. Et tkt le ploplio da cassle va slen tiler. Il faudla juste qule je fassle gaffe la plochaine flois qule j’ilais là. 

Ils avaient repris la route vers le centre ville. Glagly, comme d’habitude, conduisait comme un fou furieux. En plus, et Kevin détestait ça, il se tournait toujours vers lui lorsqu’il parlait et ne regardait donc pas toujours la route. 

– Ça devlait êtle plus slimple à la banque tkt. Avec le bloss on a des lelations donc on poulla tlouver quel est ce connald qui a achleté ta bagnole. À mon avlis s’il a achleté autant de caissles pétlées c’est poul faile une ballicade ou un tluc du genle.

– Une barricade ? Pour quoi faire ?

– Ça peut selvil à plein de chlose. S’il plévoit un afflontement musclé pal exemple. Il peut plépaler le tellain avec une ballicade de bagnoles. 

– Ah ok je vois … 

Glagly prit un virage serré à 90 degrés. 

– Moi aussli une flois j’ai flais ça poul une mission. J’ai achleté tlois éplaves et jles ai foutu à un cloin de lue poul faile une embluscade à un type. Ce con a éclaté sa caissle dedlans et on a pu le captuler. 

– Pourquoi il fallait le capturer ? Il avait fait quoi ?

– Glish c’est une longue histoile mais en glos il devait du flic au bloss. 

Plus Kevin en découvrait sur Glagly et plus il était surpris de la nonchalance du lito à propos de la violence. Ça semblait être totalement naturel ici à Litoville. On pouvait torturer un pauvre propriétaire de casse automobile pour avoir des infos ou tendre des embuscades avec des épaves de voitures en toute impunité. 

– Est-ce que vous avez une police ici ?

– Louais glish. Mais tkt les flics sont pas tlès efflicaces. 

– On ne va pas être recherché après avoir tiré sur le mec tout à l’heure ?

– Non glish je ne plense pas. Ce connald n’a pas voulu donner des inflos donc on a dû tlouver un moyen de le faile parler. C’est palfaitement léglal. Enflin je clois …

Il adressa un énorme clin d’oeil à Kevin :

– Dans tous les cas on s’en flou. Ce débile à la cassle ne va pas appleler les flics. Il fait tlop de tlucs illéglaux aussli. 

Pas vraiment rassuré, Kevin hocha la tête. Ce qui était fait était fait et il n’avait pas d’autres choix que de se fier à Glagly. C’était sa ville après tout et, jusqu’à présent, il semblait en maîtriser tous les aspects. Le quartier dans lequel ils se trouvaient à présent était plus animé que celui de la casse. Les rues étaient plus grandes et il y avait de nombreux passants sur les trottoirs. Certains abordaient des équipements impressionnants, comme des tenues blindées complètes ou même des lance-roquettes. Inutile de poser la question du port d’armes à Glagly. Tout le monde à Litoville semblait armé jusqu’aux dents. Ils se garèrent dans la rue à proximité de la banque. 

– C’est quoi le plan du coup ? On fait comme à la casse ?

– Glish louais un peu. On lentle, on pose la questlion gentliment et on voit. 

Ils franchirent les grandes portes vitrées de la banque. À l’intérieur, une vingtaine de litos faisaient la queue à l’accueil. Le hall d’entrée était assez large mais seuls trois guichets étaient ouverts.

– On ne va pas pouvoir parler tranquille. Il y a plein de monde, fit remarquer Kevin. 

– Louais c’est vlai. Fais chier d’attendle en plus. On va y passler des heules. 

Effectivement, la file d’attente ne semblait pas avancer rapidement. Sur les trois guichets ouverts, deux étaient bloqués par des litos surexcités qui menaçaient l’employé de la banque à grands cris.

– S’li vlous mle dlonné plas mla tlune jle vlous blute !

– Tles un plutain dle connald !

Mais tout cela semblait normal. Les autres litos ne trahissaient aucun signe de surprise. En revanche, l’impatience les gagnait et Kevin vit nettement l’un d’eux sortir brièvement un flingue de sa poche avant de se raviser.

Soudain, sans prévenir, les portes de la banque s’ouvrirent à la volée. Kevin se retourna vivement et compta cinq litos masqués et vêtus de combinaisons noires.

– Cecli est un blaquage, hurla le lito de tête, felmez tous vos gueules et laboulez le flic !

Il tira une salve de fusil d’assaut vers le plafond, tandis que ses acolytes tenaient en joue la foule. Kevin avait du mal à garder son sang froid. Dans quelle merde est-ce qu’il s’était encore fourrée ? Il jeta un regard circulaire pour évaluer la réaction des autres clients de la banque. Étrangement, aucun d’eux ne semblait prendre la menace au sérieux. Il entendit même quelques rires parmi le groupe.

– Encole un blaquage ? C’est le deuxlième cette slemaine. 

– Glish ta vlu leuls almes de melde ? 

– Même mon pletit flèle fait des meilleures plunchline que ce déblile. 

Le leader masqué tira cette fois au-dessus du groupe, comme pour les faire taire.

– J’ai dis vos gueules bandle d’enclulés ! 

Kevin vit du coin de l’oeil les employés de la banque sortir leurs propres armes. Ça n’allait pas tarder à chauffer. Il lança un regard interrogateur à Glagly, mais ce dernier semblait serein. Il s’approcha du braqueur de tête.

– Hé glish, besloin d’un coup de main poul ton blaquage ? On a aussli des comptes à légler avec cette banque ?

– Non connald, apploche pas ou je te colle une balle dans la tlonche.

– Oklay oklay …

Glagly recula d’un pas. Le braqueur sembla un instant confus et baissa son arme.

– Glagly ? C’est blien toi ? 

Il retira sa cagoule. Il avait une tête similaire à celle de tous les litos que Kevin avait déjà rencontré, ronde, chauve avec des yeux énormes. 

– Hé salut Glolich ! lança Glagly. Comment ça vla ? 

– Désolé, répondit le dénommé Glorich, jt’avais pas leconnu avec cette floutue gagoule. C’est notle jour de blaquage aujould’hui. On fait cette banque. 

– Oklay, je slavais pas qule bloss voulait blaquer cette banque là. 

– C’est nouvleau !

Kevin avait du mal à suivre. Apparemment Glorich et Glagly étaient potes et bossaient ensemble pour le fameux boss. Il comprenait mieux le type de “business” dans lequel trempait Glagly à présent. Glorich porta son regard sur lui.

– Il est avec tloi cet humain ? Qu’est-ce qu’il fout là ? 

Glagly intervient :

– C’est une longue histoile. J’te lacontlelais aplès. Mais tkt il est tlop sympa. 

– Oklay.

Glorich pointa de nouveau son arme vers les clients de la banque. 

– Bon, on le fait ce blaquage ?

Aussitôt, les employés de la banque ouvrirent le feu et tout le monde se jeta à plat ventre. Kevin roula sur le côté pour se mettre à couvert derrière un pilier en béton. Les litos du braquage étaient déjà en train de riposter en mitraillant à tout va. Certains clients de la banque avaient eux aussi pris part aux hostilités mais Kevin n’arrivaient pas à déterminer dans quel camp ils se situaient. 

– Glenade !, hurla Glorich.

D’un geste souple, il lança l’explosif derrière le comptoir, obligeant les employés de la banque à battre en retraite. La détonation fut assourdissante et elle permit à Glorich, Glagly et le reste de la troupe de mettre en joue tout le monde, y compris les employés. Glorich donna un violent coup de pied dans l’un d’eux :

– Glish, laboule la clé du coffle. 

– Oklay glish, mais ne mle buttle pas !

– Non tkt. 

Le lito lui tendit une grosse clé argentée et Glorich disparut avec un de ses acolytes dans les profondeurs de la banque. Une minute passa, puis deux. Comment allait se terminer cette histoire ? La police lito allait-elle débarquer pour tous les arrêter, ou pire, les tuer ? Kevin n’en savait rien mais demeurait attentif. Ce n’était pas le moment de faire n’importe quoi. Glagly s’anima soudain. 

– Ah glish slavais bien qu’on oubliait un tluc !

Il s’approcha à son tour de l’employé de la banque qui avait donné la clé. 

– Hé glish on a besloin d’inflos. Sli tu me les donnes pas je te buttle. 

– Oklay tu veux slavoir quloi ? 

– On chelche l’identlité d’un client qui a lacheté pleins d’éplaves de bagnoles hier. 

– Comment tu veux qule je slâche ça ? 

– Je slais pas glish. C’est ton boulot connald ?

– Louais louais … Laissle moi legalder dans les tlansactlions lécentes.

Glagly autorisa le lito à se relever et à consulter le poste informatique visible derrière le guichet. Trois autres minutes passèrent en silence. 

– Ta dla chance glish. Jlai tlouvé. 

– Alols ? Comment il slapelle ? 

– Sul la tlansactlion c’est éclit “Poul Gloulo, échlange palking -12” et il y a la date d’aujould’hui. 

– Oklay donc Gloulo … Melci poul ton aidle glish. Maintlenant à telle. 

À ce moment, la porte derrière le comptoir s’ouvrit à la volée. Glorich et son acolyte étaient de retour, les bras chargés de sacs. 

– Allez les gals, on sle tile ! 

Le groupe du braquage prit aussitôt la direction de la sortie, tirant quelques salves de fusils mitrailleurs pour dissuader qui que ce soit de reprendre les armes avant leur départ. Une fois dehors, Glorich tendit un petit sac à Glagly.

– Tiens glish, ta palt. Tu la bien mélité et le bloss dila lien.

– Oklay melci ! On est plessé mais on va se boile un velle cette slemaine ? 

– Ça malche. 

Ils se serrèrent la main et chacun partit dans une direction différente. Kevin se précipita vers la voiture et Glagly la démarra en trombe. 

– Tu n’avais pas de cagoule et tout le monde t’a vu dans la banque. Pas de risque que la police te retrouve ? 

– Sli, ils peuvent savloir que c’est nous mais ils ne peuvent plus nous allêter une fois qule blaquage est fini. 

– Pourquoi ?

– Déjà palce qule on blosse poul le bloss et il est lespecté. Et ensluite palce qule c’est la lègle ici : pas d’allestation si on ne plend pas le coupable sul le fait. 

Kevin resta silencieux. C’était vraiment une logique stupide. Mais pour une fois, ça lui allait bien. 

– Et il y a une autle laison. Ça felait tlop de tlavail poul les flics. Il y a jle ne slais pas comblien de blaquges de banque pal joul ici. 

– Aucune banque n’est sûre ? Comment tu fais pour garder ton cash en sécurité ?

– Celtaines banques slont plus sûles mais pas bleaucoup. Mais c’est pas glave cal ça fait toulner l’algent. Sli un type met son algent dans une banque et qu’elle sle fait blaquer, il peut aller blaquer la banque dans laquelle les blaqueurs de la plemièle banque ont déplosé l’algent. Tu complends ? Ça fait toulner le flic.

– Mouais je crois que j’ai compris …

Kevin jeta un œil dans le rétroviseur. Des lueurs bleus et rouges étaient visibles au loin. La police. Glagly tourna à droite et les gyrophares disparurent. Après un instant de silence, Kevin reprit la parole :

– C’est quoi cette histoire de parking -12 ?

– Allons blouffler et jle vlais tlexpliquer.

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