Le réveil

Il se sentait bien. Sous lui, le sol était mou et il était enveloppé, bien au chaud. Kevin ouvrit brusquement les yeux. Il se trouvait dans un lit d’hôpital, au milieu d’une petite chambre bien éclairée. Assit juste à côté, son énorme tête penchée vers lui, se tenait … un lito ! 

– Ah glish ! Tu es enflin lévéillé ! Je commençlais à vlaiment me faile chier ! 

Le lito le toisa d’un grand sourire. Comme la plupart de ses compatriotes, il avait d’immenses yeux ronds et était presque chauve, avec seulement quelques cheveux sur le crâne. Kevin ne savait pas si c’était une mode ou si cela était génétique. 

– Où est-ce que …

– Tu es à Litoville biensûl ! Le bloss ta lécupélé hier aplès l’acclident !

Kevin, confus, essayait de se rappeler des derniers événements. Il se souvenait effectivement de l’accident mais plus rien ensuite. Il se pinça le bras instinctivement pour vérifier qu’il ne rêvait pas. Non, une petite douleur lui indiqua qu’il était bien conscient. Donc soit il était bien vivant, soit il était mort et se trouvait aux portes d’un étrange au-delà.

– Hé glish poulquoi tu legardes dans le vide comme un débile ? 

Kevin tourna son attention vers le lito, qui poursuivit :

– Ta eu bleaucoup de chance. Le médlecin dlit que tu n’as lien de plété. Tes un vlai milaculé vu l’acclident.

Kevin repensa à sa vitesse au moment de l’impact. Il avait effectivement eu beaucoup de chance. Bordel, il était donc bien encore vivant. Mais pourquoi se trouvait-il dans un hôpital à Litoville ?

– Pourquoi est-ce que je suis ici ? 

– Glish, c’est le bloss avec qui tu as flait l’acclident qui a déclidlé. Il faisait une coulse de bagnoles sul l’autoloute mais il t’est lentlé dedlans ! 

C’était donc des putains de litos qu’il avait vu la nuit dernière. Il n’y avait que ce genre de débiles pour rouler à 300 à l’heure …

– Et comme le bloss était en told sul l’acclident, il la dlit qu’on devait te sloigner. 

Pour Kevin, cette histoire n’avait aucun sens. Il aurait dû être récupéré par les secours et la police après le crash. Il ne savait même pas qui était ce prétendu boss dont parlait le lito. 

– C’est qui ce boss ? Tu travailles pour lui ?

– Ah oui glish. Je m’appelle Glagly et je tlavaille poul le bloss. Il a un glos business ici. 

– Et pourquoi tu restes avec moi ?

– C’est ma misslion ! Je dlois te selvir de guide pendant ton séjoul ici.

– Donc tu peux répondre à toutes mes questions ?

Glagly lui adressa un large sourire :

– Biensûl !

Ok … de mieux en mieux. La situation ne semblait pas si dramatique. Il était vivant et le type avec lequel il avait eu un accident était un puissant lito, du moins en apparence. Glagly avait l’air sympa, même si c’était parfois compliqué de le comprendre. C’était maintenant le moment de vérifier qu’il n’avait vraiment rien de cassé. Il se redressa doucement dans son lit et y parvint sans aucun effort. Il avait clairement eu beaucoup de chance. Basculant ses jambes par-dessus bord, il se mit debout. Devant lui, une fenêtre s’ouvrait sur un panorama étrange. Une foule d’immeubles biscornus se dressait dans tous les sens. Kevin pensa immédiatement à New York mais se rendit vite compte que c’était stupide : tous les immeubles ici étaient plus petits et désorganisés. Voilà donc à quoi ressemblait Litoville. Il se tourna vers Glagly :

– Où est mon téléphone ? J’ai besoin d’appeler quelqu’un. 

– Dsl il a été cassé. Mais sli tu as besloin on poulla en tlouver un autle. No ploblem. 

Il voulait appeler Elodie. Elle devait être morte d’inquiétude qu’il ne soit pas de retour comme prévu. Le soleil commençait seulement à se lever. Glagly le rejoignit près de la baie vitrée.

– Glish, le moment que je pléfèle. La ville commence à vivle. 

Kevin se tourna vers lui, soudain anxieux :

– Dis moi, ça fait combien de temps que je suis ici ?

– Tu es lesté deux jouls inconsclient. Dlonc c’est le tloisième joul aplès l’acclident. Jte disais blien que je commençlais à me faile chier.

Et merde. Deux jours déjà. Et en plus, Kevin avait l’impression d’oublier quelque chose d’important, de très important même. Soudain, il s’appuya sur la baie vitrée, pris de vertige. La cargaison. Comment avait-il pu oublier ? La putain de cargaison planquée dans la voiture ! Où était-elle ? Allait-il pouvoir la retrouver ? Sinon, il était déjà un homme mort. 

– Ça vla ?

– Putain non ! Je suis vraiment dans la merde …

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